Maison de retraite et solitude : le manque d’affection gagne du terrain

Publié le : 12 novembre 20217 mins de lecture

Chaque fois qu’on visite une maison de retraite, on est rempli d’émotions contradictoires. D’un côté, on éprouve une joie immense à savoir qu’il existe ces centres fantastiques où des personnes s’occupent des proches âgés. Ils leur accordent toute l’attention qu’ils peuvent et leur travail est admirable. Mais d’autre part, on ressent beaucoup de tristesse. J’ai fait mon stage dans une maison de retraite et le personnel m’a dit que certaines personnes âgées n’avaient pas eu de visite depuis des mois.

On se rend très souvent visite à un de mes oncles qui se trouve dans une maison de repos. Il est bien soigné, on l’aide à se laver et à se nourrir. Il n’est pas très vieux, mais malheureusement, il n’est plus capable de s’occuper de lui-même. Comme il n’a ni femme ni enfants, le placer dans une maison de retraite semblait être la meilleure décision. Il va bien, il est heureux. Il est juste un peu gros. Ils disent qu’il va bien. J’aime lui rendre visite et lui offrir un café. Il en est heureux et salue toujours d’un « quoi de neuf champion ? », même si la plupart du temps, il confond avec une autre personne.

Les maisons de retraite et le couloir triste

Pour aller dans la chambre de mon oncle, on doit traverser la moitié du bâtiment. On prend l’ascenseur, on arrive à l’étage, entre l’ascenseur et sa chambre il y a un couloir où il y a toujours beaucoup de personnes âgées en fauteuil roulant. Ils peuvent à peine bouger. Quand on passe à côté d’eux, on les salue avec un sourire. Certains regardent et sourient en retour, d’autres regardent sans sourire et d’autres encore ne remarquent même pas votre présence. On voit toujours les mêmes personnes assises là, seules.

Certains se tiennent toujours tranquillement et la tête basse, on se demande toujours à quoi ils pensent. Comment leur vie aura-t-elle été ? Et surtout, on se demande s’ils ont jamais imaginé se retrouver dans un fauteuil roulant, immobiles et le regard perdu, usés par la vie, la solitude, la maladie, ou tout cela à la fois.

Pendant mon stage, j’ai rencontré un monsieur qui partageait une chambre avec une femme qui ne faisait rien d’autre que rire et crier. C’était un homme qui était initialement très violent. Il souffrait de la maladie d’Alzheimer à un stade si avancé qu’il pouvait à peine parler.

Un jour, on lui a proposé d’interagir avec lui. On s’est assis à côté de lui et j’ai commencé à lui poser des questions sur sa vie. La plupart du temps, il parlait en monosyllabes. Il a réussi à faire dire son pays de naissance, qu’on ne connaît même pas exprès. Petit à petit, on a réussi à obtenir quelques mots de plus de sa part. Même un jour, malgré son attaque, il a souri.

Ils cherchent juste un peu d’affection

Un jour, on l’a entendu crier. On est allé dans la pièce où il se trouvait et on a trouvé deux aides qui essayaient de le soulever pour le laver, mais il se débattait. On est entré dans la pièce, dès a vu, il s’est laissé tomber dans le fauteuil en silence. On a découvert le secret. On a la réponse juste en face. Derrière ce regard sans expression se cache un homme qui cherche juste un peu d’affection.

Pour ces personnes, recevoir de l’affection et de la compagnie est si important que Gea Sijpkes, directrice de la maison de retraite Humanitas aux Pays-Bas, a lancé un projet. En 2012, elle a décidé de proposer un hébergement gratuit aux étudiants de l’établissement à condition qu’ils passent au moins trente heures par mois avec les personnes âgées qui y vivent.

Des âmes à la recherche d’une connexion dans une maison de retraite

Tant dans la maison de retraite où se trouve un proche, on a pu constater que chez beaucoup des aînés plane l’ombre de la solitude. Les professionnels qui travaillent dans ces centres sont débordés de travail et n’ont pas le temps de « tenir compagnie » aux personnes âgées dont ils s’occupent. Cependant, on est très triste de savoir que certains d’entre eux ne reçoivent que très peu de visites, voire pas du tout. En chacun d’eux se cache une âme qui ne désire rien d’autre que de se connecter aux autres. La solitude les consume peu à peu.

La société actuelle enseigne que seules les choses fonctionnelles méritent d’être préservées, tout ce dont vous pouvez tirer un quelconque avantage. Combien on est peiné de voir que de nombreuses familles confient leurs personnes âgées à des maisons de retraite et les y abandonnent, ne leur rendant que très rarement visite. Vos personnes âgées ont une vie, elles ont une histoire, elles ont sacrifié une partie de leur vie pour vous et vous les abandonnez.

Il ne fait aucun doute que les maisons de soins constituent une alternative merveilleuse dans de nombreux cas, et grâce à elles, beaucoup des proches âgés peuvent bénéficier de tant de soins. Cet article a pour seul but de vous ouvrir les yeux sur la solitude et la négligence dont sont victimes nombre des proches. Ils sont laissés dans l’oubli de ces centres comme s’ils étaient un fardeau.

Le « grand œuvre » des maisons de retraite

De nombreuses familles, pour des raisons de travail, d’argent ou de temps, ne peuvent pas s’occuper de leurs parents âgés lorsqu’ils ne sont plus autonomes. C’est pourquoi ils décident souvent de les confier à des maisons de soins. Mais dès qu’ils le peuvent, ils leur rendent visite pour leur apporter réconfort et compagnie.

Dans de telles situations, bien que déracinées de leur foyer, les personnes âgées ne se sentent pas abandonnées. La maison de retraite devient leur nouvelle maison où ils vivent avec d’autres personnes âgées et où leurs familles leur rendent souvent visite.

Vous ne devez pas oublier le grand travail réalisé par les opérateurs de ces centres, mais vous ne devez pas non plus oublier les proches qui y vivent. Dans le passé, ils ont tout donné pour vous et ce que vous êtes et ce que vous avez, vous le devez à eux, à leur travail et à l’éducation qu’ils vous ont donnée.

Être à leurs côtés lorsqu’ils ont besoin de vous et leur consacrer le même temps qu’ils vous ont consacré, leur faire sentir qu’ils ne sont pas seuls et qu’ils peuvent toujours compter sur vous, c’est le moins que vous puissiez faire, car c’est grâce à eux que vous êtes dans ce monde, et vous ne devez jamais l’oublier.

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